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Ceux qui sont morts

Ceux qui sont morts ne sauront pas
Ceux qui sont morts ne sauront plus
Qui a gagné qui a perdu.

Seul le vent garde en ses tempêtes
Seul le vent garde en ses fureurs
Les cris d’effroi les cris d’horreur
Que l’écho avale et répète ;
Et dans les nuits d’ombres sévères
Dans des forêts d’arbres déments
Accroché aux branches le vent
Hurle et s’étrangle de colère.

Ceux qui sont morts ne sauront pas
Ceux qui sont morts ne sauront plus
Qui a gagné qui a perdu.

Seule la pluie tendre et sauvage
Qui tombe d’un ciel ahuri
Défie le silence et l’oubli
Et garde en son chant leurs visages
Quand dans l’absurdité des armes
Des vies mille fois immolées
La pluie en l’aube échevelée
Se mêlait au sang et aux larmes.

Ceux qui sont morts ne sauront pas
Ceux qui sont morts ne sauront plus
Qui a gagné qui a perdu.

Seule la terre cette amante
Féconde de tant de saisons
Seule la terre en ses moissons
Se réjouit et se lamente
Et pour ceux qui savent l’entendre
tremble souvent à la pensée
De ces cadavres mutilés
Qu’on lui enfonçait dans le ventre.

Ceux qui sont morts ne sauront pas
Ceux qui sont morts ne sauront plus
Qui a gagné qui a perdu.

 


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