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Ocean

L'océan se réveille.
Une vague morose,
entre deux rochers noirs,
s'étire et se repose.
Le ciel est tout nouveau ;
il est calme et serein.
Le jour, comme un agneau,
vient manger dans sa main.
Le vent, le vent, qui veille
à ne pas l'émouvoir,
rêve, au creux de ses reins,
comme en un reposoir.

Et puis (soleil au cœur)
et puis (soleil au ventre)
comme pour s'attendrir,
l'océan se concentre.
Il rançonne l'été,
aux paupières du jour,
pour boire la rosée
de ses premiers amours.
Le vent, le vent douceur,
le vent, le vent désir,
fait trembler, à son tour,
l'océan de plaisir…

Mais le ciel s'est couvert.
Et, entre chien et loup,
l'avenir se fait bête
et l'océan jaloux.
Le temps brûle le temps ;
les heures sont comptées :
le présent, le présent,
c'est déjà le passé.
Le vent, le vent amer,
le vent, le vent tempête,
écume les rochers
de sa dernière fête.

Et, roulant de tristesse
en tristesse nouvelle,
avec la nuit au bord,
avec la nuit aux ailes,
couché comme un oiseau
que le ciel a perdu,
couché comme un oiseau
qui ne volera plus,
puisque l'ombre est sagesse
et le temps le plus fort,
le vent s'est abattu
et l'océan s'endort.

 


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