Tu es assise devant moi,
je te regarde, et j'aperçois,
à travers toi, toute ma vie…
Nostalgie !
Une jeunesse qui s'effrite,
qui va trop loin, qui va trop vite,
qui joue, qui perd, qui se défie :
Nostalgie !
Des jours, des nuits qui se ressemblent,
un amour qui vieillit, qui tremble
de tomber un peu dans l'oubli,
Nostalgie !
La campagne qui se retranche,
qui prend de l'hiver sur les branches,
le silence à peine fortuit
Nostalgie !
Le vent qui crée des sortilèges,
qui braconne et se prend aux pièges,
dans les fourrés et les taillis :
Nostalgie !
Le ciel gris comme un marécage
où plus un rêve ne voyage,
la réalité qui s'ennuie,
Nostalgie !
Puis le temps qui s'immobilise,
le chagrin qui vient par surprise,
les heures qui traînent au lit ;
Nostalgie !
Mais ne fais pas cette grimace :
ce n'est qu'un nuage qui passe,
tu sais bien que je t'aime aussi,
Nostalgie !
Il ne faut pas que tu t'inquiètes
de ce silence dans ma tête,
de cette absence dans ma vie,
Nostalgie !
Je rêve un peu, je deviens tendre,
il ne me reste qu'à attendre,
attendre cet instant précis :
Nostalgie !
Où tu changes, tu t'extravases,
tu deviens mot, tu deviens phrase,
tu t'insurges en poésie,
Nostalgie !
Tu souris, tu sèches tes larmes.
Déjà, je te trouve du charme
quand j'écris, tu es mon amie,
Nostalgie !
