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Libres, les chevaux

En ce temps-là, le ciel était
rouge et noir : il brûlait la terre.
Les nuages se déchiraient ;
les vents n'avaient pas de frontières.
L'océan était amoureux.
Il délirait comme un poète,
et puis, se reposait au creux
des rochers, entre deux tempêtes…
Et, galopant au bord de l'eau,
sur des plages vierges et tendres
et poudrées de sable nouveau
où les vagues venaient s'étendre,
ils étaient fiers ! ils étaient beaux !
ils étaient libres, les chevaux !

Quelquefois, le soleil daignait
jeter de l'or dans leurs crinières.
Le ciel et la mer s'épousaient :
l'horizon devenait lumière.
Des parfums, âpres et violents,
nés dans de lointains pâturages,
venaient éperonner leurs flancs
et les éloigner du rivage.
Parmi les fleurs et les oiseaux,
découvrant des plaines fertiles
à peine renflées de coteaux,
suivant les rivières dociles,
ils étaient fiers ! ils étaient beaux !
ils étaient libres, les chevaux !

Le sol tremblait sous leurs sabots
bien avant que l'homme ne vienne
avec des fouets et des lassos
pour river le monde à ses chaînes.
Mais, lorsque le jour fait trembler
enfin des volutes d'aurore,
mes rêves semblent s'éveiller
et je les imagine encore.
Je les vois se cabrer, là-haut,
et, dans une épopée sauvage,
avec du feu dans les naseaux,
galopant au bord des nuages,
comme ils sont fiers ! comme ils sont beaux !
quand ils sont libres, les chevaux.

 


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